Laurent Barry – Anthropologue

Lors de nos auditions, les travaux de l’anthropologue Laurent Barry (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris) ont retenu notre attention.

Il utilise la notion de « néoténie », terme emprunté à la biologie, pour l’appliquer aux sciences sociales et montrer par là que de nombreuses sociétés humaines valorisent les caractéristiques physiques de l’enfant et de l’adolescent dans leurs représentations de
l’adulte. Pour les biologistes, la néoténie, c’est la survivance ou l’apparition de caractères biologiques du jeune chez l’animal adulte. Toutefois, depuis l’article de Stephen Jay Gould qui appliquait ce concept à l’évolution du personnage de Mickey Mouse dans son
ouvrage « Le pouce du Panda » (1980) et à notre attirance pour les caractéristiques phénotypiques juvéniles de ce héros de dessin animé, Laurent Barry a reformulé dans ses travaux (séminaires de l’EHESS) une définition qui s’inspire de ce dernier auteur tout en mettant bien plus l’accent sur les traits sociologiques que biologiques. Dans cette définition, la néoténie c’est donc l’attirance que les humains adultes éprouvent pour les caractéristiques physiques, comportementales ou sociologiques des jeunes de leur espèce. Cela inclut bien sûr les traits physiques (grands yeux, grand front, petit nez, corps minces et relativement asexués). Comme le remarquait déjà Gould, cela s’étend aussi bien aux traits sociologiques que comportementaux (habillements, goût musicaux ou artistiques, etc.) qui, là aussi, sont souvent valorisés chez les adultes du fait même qu’ils semblent typiques d’une culture « jeune ». D’un point de vue sociétal, ce phénomène entraînerait une reconfiguration des âges : dès lors la fillette se fait femme et la femme devient enfant.

1 On appelle «hardeuses» (ou «hardeurs») les actrices et acteurs de la pornographie hardcore.
2Poulin, Richard, Actes de conference Jeunes, Médias & Sexualisation – Mai 2009
3 Ehrenberg, Alain (2005). Le culte de la performance. Hachette Littératures, 323 p.
4 Julien, Mariette, Actes de conference Jeunes, Médias & Sexualisation – Mai 2009